Il y a une foule nombreuse et tout le monde rivalise d’élégance, d’abord parce que ce sont des obsèques, ensuite parce que la défunte était de noble naissance. Une rumeur silencieuse incrimine le veuf de cette mort sans effusion de sang. Il faut bien admettre qu'ici à GossaCity, le commérage est une discipline mondaine. Mais, pour une fois, de l’aveu même de la défunte, le bruit semble être fondé : « Il me tuera, c’est certain » avait-elle confié à sa domestique. Pourquoi cette sombre prophétie ? Était-ce la révélation que les perfidies de son époux, mêlées d’une féroce avidité, demeuraient à ce point vengeresses, qu’elles ne pouvaient se conclurent qu’en apothéose funeste ? La moitié de la réponse est courbée au-dessus du tombeau. Ceux qui l’observent le plus sont des survivants de l’affaire qui agita les esprits à Paris et Toulouse, avant d’opposer ici la famille du veuf à celle de la défunte. Une rixe mémorable. [ Après avoir entraîné le lecteur dans les arcanes de quelques esprits sournois chargés de cupidité, de haine ou de fatuité, l’auteur le défie de retrouver les traces et les noms des protagonistes de cette histoire.]